Le « terrible two » intrigue et inquiète à la fois : est-ce un passage obligé pour toutes les familles, ou une étiquette qui simplifie trop ce que vit votre enfant entre 12 et 36 mois ? Selon les tempéraments, certaines traversées sont mouvementées, d’autres très calmes, et beaucoup se situent entre les deux. Dans une lecture Montessori, on parle de rythmes personnels et d’expressions différentes des besoins, là où nous, adultes, cherchons des repères qui rassurent. Ce guide clarifie ce que recouvre l’expression « terrible two », ce qu’elle ne dit pas, vous donne des repères pour reconnaître les signes du terrible two et situer ce que vous observez chez votre enfant, sans vous comparer.
En clair
Vous pouvez tout à fait ne pas “avoir” de terrible two au sens caricatural (opposition permanente, scènes quotidiennes), tout en restant dans un développement attendu. Certaines traversent 12–36 mois avec de grosses vagues, d’autres beaucoup plus doucement, et quelques-unes presque sans éclats. La fréquence et l’intensité des réactions dépendent d’un ensemble de facteurs : tempérament, maturité du langage, fatigue, contexte de vie… et, surtout, du rythme propre de votre enfant. Varier n’est pas dévier : c’est la norme.
À ne pas confondre
- Peu (ou pas) de colères à 2 ans = problème. La variabilité est normale : l’affirmation de soi peut s’exprimer autrement que par des tempêtes visibles, notamment par l’exploration, la répétition et des « non » posés sans éclat.
- Beaucoup de colères = mauvaise éducation. On parle souvent d’un décalage entre des émotions très actives et une régulation encore en construction, amplifié par la fatigue, les transitions ou le contexte du moment.
- Des épisodes isolés = une phase durable. Quelques scènes rapprochées ne suffisent pas à conclure à un « terrible two » installé ; on regarde surtout la durée, la fréquence et l’évolution dans le temps.
Ce que dit Montessori : des rythmes personnels, pas un calendrier
Dans l’approche Montessori, on parle de périodes sensibles : de vraies fenêtres où certains besoins deviennent impérieux (ordre, mouvement, langage, coordination), mais leur intensité et leur timing varient d’un enfant à l’autre. Ce que l’adulte qualifie parfois de “caprice” peut être le signal d’un besoin lié à ces périodes, pas un trait figé. D’où des expressions très différentes d’une famille à l’autre, sans obligation de passer par la même tempête au même âge.
Et les hormones à 2 ans : y a-t-il une « poussée » qui rendrait tout le monde pareil ?
À ce jour, rien n’indique une décharge hormonale universelle à 2 ans qui expliquerait, à elle seule, les réactions des tout-petits. En revanche, on retrouve partout un profil neurodéveloppemental commun à cet âge :
- le cerveau émotionnel réagit vite et fort
- le “frein” de régulation (les zones qui aident à se calmer, attendre, changer de plan) est encore en construction.
L’émotion part donc plus vite qu’elle ne se régule, ce qui crée ces débordements que les parents décrivent si bien.
À cela s’ajoute un ensemble d’acquisitions majeures entre 12 et 36 mois : la marche qui libère les mains et l’accès aux objets, l’autonomie qui s’élargit, le langage qui progresse sans toujours apaiser et une pensée qui commence à se projeter sans pouvoir gérer toutes les frustrations. Comme ces étapes surviennent, chez l’humain, dans une tranche d’âge proche, on observe des manifestations similaires dans de nombreuses cultures.
Autrement dit, ce n’est pas une « poussée hormonale » identique pour tous, mais un décalage temporaire entre des émotions très actives et des capacités de contrôle encore jeunes — un socle commun qui rend ces réactions si répandues, sans les rendre obligatoires.
Ce qu’il faut retenir
- Non, le terrible two n’est pas obligatoire.
- Oui, la période 12–36 mois est propice aux grandes émotions, parce que l’exploration s’accélère et que la régulation suit son propre rythme.
- Chaque enfant a sa trajectoire : le tempérament, les périodes sensibles, le contexte et la co-régulation familiale modulent l’expression des “vagues”.
Si vous ne cochez pas la « case terrible two », ce n’est ni anormal ni mieux : c’est simplement le profil de votre enfant — à accueillir tel qu’il est, sans pression de la norme.
Si vous ne cochez pas la « case terrible two », ce n’est ni anormal ni mieux : c’est simplement le profil de votre enfant — à accueillir tel qu’il est, sans pression de la norme.
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