Un garçon part terre frustré, en pleine crise de pleurs

Vous vous demandez comment éviter le terrible two ? Comment traverser cette période où les émotions débordent en colères, pleurs ou en cris ? En commençant par repérer les signes du terrible two. Plutôt que d’éteindre les émotions, l’approche Montessori propose de comprendre ce qui les met en mouvement et d’ajuster le quotidien en conséquence, dans un esprit de parentalité bienveillante. Ce texte vous guide pas à pas pour soutenir l’affirmation de soi de votre enfant et apaiser les frottements du quotidien.

En clair : on n’évite pas, on accompagne

Le terrible two n’est ni obligatoire ni évitable à 100 %, chaque enfant à son propre rythme. Certaines périodes seront calmes, d’autres plus remuantes ; votre rôle n’est pas d’éteindre l’émotion à tout prix, mais d’offrir un cadre lisible et une présence emphatique qui aide votre enfant à reprendre pied, à grandir.

Dans l’approche Montessori, on parle d’environnement préparé : un espace pensé à sa hauteur et à sa portée, ordonné et cohérent, où tout ce qui est utile à son développement est accessible en sécurité et où les limites sont claires. Côté langage de l’adulte, on privilégie des mots qui respectent son vécu : on parle d’affirmation de soi plutôt que de phase d’opposition, de crise ou de caprice, on décrit au maximum ce qu’il est en train de vivre pour qu’il puisse mettre des mots, gérer ses émotions et se comprendre, et on garde l’objectif : qu’il puisse faire et comprendre ce qu’il ressent, plutôt que d’entrer dans des bras de fer.

Introduire tôt le vocabulaire des émotions

De la même manière que vous proposez des imagiers pour enrichir le vocabulaire, vous pouvez poser des mots sur les émotions très tôt : joyeux, fâché, triste, surpris… Et lorsque vous choisissez des imagiers, privilégiez l’esprit Montessori : de vraies photos d’enfants avec de vraies émotions, une seule information par image, sur fond blanc et ancrée dans le réel — cette simplicité aide votre enfant à focaliser son attention et à relier ce qu’il voit à ce qu’il ressent.
Vous pouvez aussi lui expliquer ce que le corps éprouve quand il vit cette décharge émotionnelle : le ventre qui se noue, les poings qui se serrent, la gorge qui pique, les joues qui chauffent, le cœur qui bat vite. Décrire calmement ce que vous voyez (« tes épaules se crispent, tu respires fort, tu es très fâché parce que tu voulais continuer ») aide votre enfant à identifier, à se calmer, puis peu à peu à réguler.

Travailler d’abord sur vos propres émotions

Votre enfant apprend énormément par imitation : il capte votre rythme, votre volume de voix, vos gestes quand vous vous apaisez. Mettre en place votre routine de co-régulation (respirer plus lentement, parler moins mais plus clairement, vous accroupir pour vous mettre à hauteur, nommer votre propre état sans dramatiser) donne un modèle vivant.

Vous n’avez pas à être parfaite pour être aidante : montrer comment on se calme, comment on répare et comment on repart, dites-lui ce que vous vivez, c’est déjà tracer un chemin solide.

L’environnement préparé : le meilleur “anti-friction”

Le terrible two s’enflamme souvent quand votre enfant veut faire mais que rien n’est à sa portée. L’idée est donc de donner accès… en remettant en question l’aménagement et le mobilier choisis au départ pour la sécurité et pour le confort comme le parc, le siège de bain, la chaise haute, la table à langer. Dans l’esprit Montessori, on privilégie du matériel et des aménagements qui permettent un accès libre et sécurisé ; si ce n’est pas le cas aujourd’hui, c’est une bonne période pour adapter (réduire l’usage, modifier, ou remplacer) afin d’offrir plus de liberté de mouvement et de participation.

Un environnement préparé réduit ainsi les frottements :

  • Liberté de mouvement sécurisée : espace dégagé, tapis pour délimiter, objets du quotidien adaptés à sa taille, circulation simple.
  • Accès autonome : étagères basses, paniers par fonction, activités présentées clairement plutôt qu’un grand bac mélangeant tout.
  • Vrais gestes à faire : verser avec un pichet et un gobelet, transvaser des éléments secs (pois chiche, riz), boîtes d’ouverture/fermeture, marchepied ou tour d’observation pour participer en cuisine.
  • Ordre visible : chaque chose a sa place et revient à sa place ; moins d’objets visibles, moins de conflits.
  • Soins du quotidien à hauteur de votre enfant : penser le change debout (quand c’est possible) ou le change au sol avec un tapis installé par vos soins, un petit panier “à portée” (couches, lingettes, vêtements) et des gestes simples à faire avec vous (apporter la couche, jeter l’ancienne, choisir le pantalon). Ce moment revient plusieurs fois par jour : bien aménagé, il devient un rituel d’autonomie plutôt qu’un bras de fer et c’est aussi un excellent tremplin vers l’acquisition de la continence (écouter ses sensations, participer aux gestes, repérer les étapes).

Anticiper les moments charnières

Frustrations, crises de rage, colères apparaissent souvent lors des transitions : quitter une activité, passer à table, se préparer pour sortir de la maison ou de la crèche. Prévenir une à deux minutes avant, annoncer la transition (« encore deux tours de toboggan, puis on met les chaussures »), proposer deux choix guidés (« tu préfères ranger les blocs ou remettre les livres sur l’étagère ? ») et garder des repères visuels simples (par exemple une routine du matin/du soir ou une horloge 24h facile à lire) permettent d’adoucir la marche sans alourdir le quotidien et que la frustration ne monte trop vite.

Ce qu’il faut retenir

  • On n’évite pas le terrible two, on accompagne une étape de croissance.
  • Plus votre enfant a des mots sur les émotions, plus il reconnaît ce qui lui arrive et plus il progresse vers la régulation et l’apaisement.
  • Un environnement préparé (à sa hauteur, ordonné, accessible) diminue les frictions et soutient l’autonomie.
  • Votre calme imparfait mais contagieux reste l’outil le plus puissant.
  • Des transitions prévisibles et annoncées calmement réduisent les pics d’intensité et canalise les comportements liés à la frustration

Ces guides vont aussi vous aider

Cris, colère, pleurs enfant de 2 ans

Le « terrible two » est-il obligatoire ? Pas pour tous, pas tout le temps

Le « terrible two » intrigue et inquiète à la fois : est-ce un passage obligé pour toutes les familles, ou une étiquette qui simplifie trop ce que vit votre enfant entre 12 et 36 mois ? Selon les tempéraments, certaines traversées sont mouvementées, d’autres très calmes, et beaucoup se situent entre les deux. Dans […]

Publié par

Sabrina