enfant 2 ans, en surcharge emotionnelle, qui se cache les yeux

Opposition, refus, cris… et parfois des tempêtes qui vous dépassent. Quand votre enfant est autiste (ou que vous le soupçonnez), le “Terrible 2” peut se confondre avec des surcharges sensorielles et des changements difficiles. Objectif : gérer au quotidien avec un cadre sûr, des gestes qui apaisent et des routines qui préviennent (des repères utiles quand on se demande quoi faire pendant le terrible two) sans culpabiliser.

Distinguer : opposition… ou crise de surcharge sensorielle ?

  • Opposition “classique” : elle survient souvent lors de moments d’affirmation (vouloir choisir soi-même), de transitions (quitter une activité, s’habiller, sortir), de frustrations (fatigue, faim, contrainte). Elle diminue généralement quand on change d’approche (ex. proposer deux choix clairs, anticiper la transition, laisser un temps pour faire seul).
  • Crise de surcharge sensorielle : elle monte avec le bruit/la lumière/la foule, l’imprévu, un vêtement qui gratte… L’enfant ne “manipule” pas, il déraille ; on sécurise et on apaise avant toute explication.

Dans les deux cas, votre boussole : sécuriser d’abord, expliquer après.

Le regard Montessori : sécurité, cadre, environnement

Avant la Casa dei Bambini (1907), Maria Montessori a travaillé avec des enfants alors qualifiés de « déficients » (terme d’époque, aujourd’hui abandonné). En combinant observation scientifique, matériel sensoriel (Itard/Séguin), exigence et bienveillance, elle rapporte avoir fait lire et écrire plusieurs élèves qui se sont présentés aux examens publics avec des enfants “normaux” et “y réussirent heureusement”. Ces résultats l’ont convaincue que l’ordre du milieu, les gestes lents, une consigne à la fois et le respect de l’espace de l’autre soutiennent puissamment les apprentissages — chez les enfants typiques comme chez les enfants autistes — parce qu’ils réduisent la charge sensorielle et rendent les attentes prévisibles.

Pendant la tempête : le protocole “co-régulation express”

  1. Mettre en sécurité : éloigner ce qui blesse, se mettre à l’écart si possible.
  2. Réduire les stimuli : diminuer la lumière, baisser la voix, écarter les regards.
  3. Soutenir le corps (si l’enfant l’accepte) : appui contre vous ou contre un gros coussin, pression des mains pour “ancrer”, respirer ensemble.
  4. Nommer brièvement : “C’est trop/bruyant/lumière forte. Je suis là.” Pas de discours long.
  5. Attendre le retour au calme, puis réparer s’il y a eu dégât (essuyer, ranger) de façon simple, sans reproche.

Après la crise : on répare, on débriefe, on outille

Quand la vague est passée, on répare ce qui peut l’être (un geste concret qui clôt l’épisode), puis on met des mots courts et clairs : « C’était trop bruyant, la prochaine fois on sortira deux minutes ». On outille enfin la suite avec quelque chose de visible et rassurant — un petit kit d’apaisement à portée (bouteille calme, sablier, balle souple, casque anti-bruit si utile), un repère visuel pour la prochaine transition — afin que votre enfant sache quoi faire et où aller si la pression remonte.

Prévenir : des repères très concrets

  • Routines visuelles (pictogrammes, liste d’étapes ou photos maison) : s’habiller, partir, bain, coucher. On montre l’étape en la pointant et on dit : « D’abord le pantalon, puis les chaussures. » Pour matérialiser l’avancement, on utilise un système visuel simple : cocher, déplacer l’étape réalisée dans une colonne “fait”, ou masquer l’image accomplie. L’enfant voit concrètement où il en est et ce qu’il reste.
  • Transitions balisées : minuteur visuel ou sablier + phrase courte (« Quand le sablier est terminé, on range. »). Annoncer une pré-alarme (ex. 2 minutes avant), puis un compte à rebours 5-4-3-2-1 aide le cerveau à passer d’une activité à l’autre sans rupture brutale.
  • Choix limités (2 options maximum) : « Pantalon rouge ou bleu ? », « Je commence ou tu fais tout seul ? ». Le choix donne un pouvoir d’agir tout en restant dans la règle.
  • Coin calme : un repère sécurisant, pas une sanction : un endroit stable (toujours le même), peu d’objets (2–3 maximum : tapis/fauteuil, bouteille sensorielle, coussin), lumière douce. On propose d’y aller quand le corps déborde ; l’enfant peut accepter ou refuser, l’adulte reste disponible à proximité. Objectif : se réguler, puis revenir.
  • Vie pratique : des petits plateaux d’actions utiles (transvaser, éponger, visser/dévisser, arroser) avec début et fin clairs, un seul geste à la fois, matériel à sa taille. Ces activités canalisent l’énergie dans l’utile, rendent l’action prévisible et nourrissent l’autonomie.

Poser le cadre (sans escalade)

Le cadre ne se négocie pas : sécurité et respect des personnes d’abord. En situation, gardez un script court et posé : « Je t’arrête : ici, on protège les corps. Tu peux [option A] ou [option B]. » Ensuite, on applique des conséquences logiques sans humiliation, simplement pour remettre du sens : s’il y a eu renversement, on éponge ensemble ; si un objet a été jeté, on ramasse et on range. Même règle, même ton, à chaque fois : la répétition calme devient votre meilleure alliée.

Quand demander de l’aide

Si les crises sont très fréquentes/intenses ou impactent le sommeil, l’alimentation ou la vie de famille, parlez-en à votre pédiatre et/ou aux pros qui suivent votre enfant (orthophoniste, psychomotricien·ne, ergothérapeute). Ce guide ne remplace pas un avis médical, il vous donne un cap pour le quotidien.

Ce que vous devez retenir

  • Une crise de surcharge n’est pas un caprice : on sécurise, on réduit les stimuli, on co-régule.
  • Le cadre Montessori aide : peu de mots, gestes lents, règles simples et stables, environnement préparé.
  • Prévenir change tout : routines visuelles, transitions balisées, choix limités, coin calme.
  • Réparer et mettre des mots après la crise consolident l’estime de soi et le lien.
  • Et vous : vous faites de votre mieux. Un pas après l’autre, ça compte déjà.

Votre enfant est singulier comme chaque être humain, pas juste par son autisme : ses préférences, ses habitudes, son seuil sensoriel lui sont propres. Les repères partagés ici sont des pistes, pas une norme : testez, gardez ce qui apaise, mettez de côté ce qui n’aide pas, ajustez au fil des jours. Pour beaucoup d’enfants autistes, renforcer les routines, les transitions balisées et l’espace d’apaisement fait une vraie différence. L’essentiel tient en trois objectifs : sécurité, repères, douceur ferme.
Vous êtes la bonne maman pour votre enfant — même quand la journée a dérapé.

Questions fréquentes des parents

Mon enfant autiste ‘fait exprès

Non. En crise de surcharge sensorielle (c’est quand les bruits, lumières, contacts ou imprévus arrivent trop fort et trop vite) le cerveau déborde : votre enfant n’a plus accès à son contrôle volontaire. On sécurise d’abord (protéger les corps, s’éloigner du bruit/lumière), on réduit les stimuli, on co-régule (présence calme, peu de mots). Quand tout est redescendu, on met des mots simples et on prépare la prochaine fois (repères visuels, transitions balisées).

Routines = rigidité ?

Non. Les routines sont des repères : elles rendent la journée prévisible, baisse le stress et libère de l’énergie pour s’adapter. Astuce : garder la même structure, mais faire varier doucement des détails (ordre d’un vêtement, choix entre deux options). Les phrases “D’abord… puis…” et une pré-alarme (minuteur/sablier) aident à passer d’une étape à l’autre.

Et dehors / en public ?

Anticipez un plan B : un lieu calme repéré (banc, hall, voiture), un objet apaisant (bouteille calme, balle souple, casque anti-bruit), des pictos “sortie courte”. Prévenez avant : “On reste 10 minutes, puis on sort respirer.” En cas de surcharge, on s’éclipse sans culpabiliser, on revient si possible quand tout le monde est prêt.

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Publié par

Sabrina